Une arène, des athlètes, un combat théâtralisé, tel est l’univers où nous introduit Abdelhamid Thabouti dans l’exposition qu’il nous présente à la galerie Kalysté cette semaine.
L’arène est une scène, et les gladiateurs, des danseurs dont l’artiste se fait chorégraphe. Les combats sont construits, structurés, se déroulant en un story-board étudié et rigoureux. Les scènes se déroulent selon une logique esthétique, s’imbriquant, s’opposant, se complétant, dans une dramaturgie spectaculaire. La touche puissante de l’artiste, son dessin affirmé, sa palette qui balaie l’espace de la toile font le reste. Étonnant Abdelhamid Thabouti, kairouanais, fils d’artisan, graveur de formation, ce qui explique peut-être le trait sans concession, peintre de vocation, enseignant de métier, que l’on a plus vu sur les cimaises de pays étrangers que sur les nôtres. C’est en Suisse et à Oman qu’il exposa en solo. À Kairouan aussi, bien sûr, et à Dar el Founoun. De nombreuses expositions de groupe en Italie, aux îles Canaries, à Ottawa, au Caire, pour des biennales, des salons, des festivals, mais aussi à Tunis, Kairouan, Sfax… Tout ceci pour dire qu’on ne l’a pas beaucoup vu à Tunis, et que Senda Ben Khelil a le mérite de nous le faire découvrir ou redécouvrir.
De lui, on dit que son univers se situerait à la croisée de l’intensément pictural et de l’incertain cinématographique. Le défilé des toiles crée un ensemble mosaïque troublant, théâtral, car à la puissance des postures de combat ne répond que le silence assourdissant de ces personnages aveugles et aveuglés de violence.
Les couleurs, variant de gammes et de spectre, diffusent auprès du spectateur un mélange inconfortable de quiétude et d’angoisses, nous renvoyant à nos propres contradictions, nos peurs intimes. Car ces combats que scénarise Thabouti sont des combats pour la vie.